Le musée des beaux-arts de Valence propose une magnifique exposition temporaire sur la céramiste Anne Dangar:
Artiste d’origine australienne, Anne Dangar (1885-1951) a étudié et enseigné la peinture à la Sydney Art School.
Lors d’un voyage en Europe en 1926-1928, elle s’inscrit à l’académie d’André Lhote puis s’initie à la céramique. Au Salon des Tuileries de 1928, elle découvre l’oeuvre cubiste d’Albert Gleizes puis, de retour en Australie, lit “la peinture et ses lois” du maître théoricien du cubisme et en est éblouie!
En 1930, Anne Dangar répond à l’invitation d’Albert Gleizes et rejoint Moly-Sabata, la colonie d’artistes et d’artisans qu’il a fondée à Sablons (Isère).
Ainsi commence une aventure intellectuelle, spirituelle et artistique qui va durer jusqu’à son décès en 1951. Vingt années pendant lesquelles, en accord avec les idées d’Albert Gleizes sur l’artisanat et le retour à la terre, elle abandonne la peinture et se consacre pleinement à la poterie et à l’enseignement artistique.
Sa production céramique se partage entre des poteries utilitaires et des pièces exceptionnelles pour des commandes de galeries et des expositions. Leurs décors transcrivent l’esthétique cubiste de Gleizes et déploient une variété de motifs géométriques et animaliers d’inspiration traditionnelle et celtique.
L’oeuvre d’Anne Dangar est également empreinte d’une dimension spirituelle qui s’exprime dans ses poteries à usage liturgique mais, plus largement, dans sa conception du travail de l’argile comme un art sacré. L’expositon présente ses très belles et émouvantes lettres au Père Angelico Surchamp, moine de l’Abbaye Sainte-Marie de La Pierre-qui-Vire dans l’Yonne, peintre de fresque et passionné d’art roman.
Leurs échanges témoignent du quotidien de la céramiste et de sa conception du cubisme mais aussi d’un intense questionnement sur l’art et la religion qui amènera Anne Dangar à se convertir au catholicisme peu de temps avant sa mort.
Je suis allée à cette exposition par curiosité intellectuelle, j’en suis ressortie profondément émue par la beauté de l’oeuvre d’Anne Dangar, par le cheminement spirituel de cette grande artiste si humble qu’elle ne se fit que trop peu connaître. Je vous invite à profiter de cette très belle exposition pour la découvrir. Vous avez jusqu’au 26 février 2017.
L’exposition rassemble près de 140 créations d’Anne Dangar, accompagnées d’une dizaine d’oeuvres et d’ouvrages d’Albert Gleizes lui-même, ainsi que, notamment, des peintures de Robert Pouyaud, le premier résident de la colonie en 1927.
Se défendant d’être rétrospective, l’exposition permet de mettre en lumière les différentes sources d’inspiration de cette oeuvre d’une extraordinaire diversité, rassemblée pour une première exposition monographique dans un musée français.
Sources: http://www.museedevalence.fr